Échange avec Camille Bérard de Toledo, vice-présidente de l’association « Un petit bagage d’amour »

 

Trop de femmes dans la précarité ne peuvent accueillir leur bébé dignement. Pour les soutenir, « Un petit bagage d’amour » répond à leurs besoins matériels immédiats. Depuis 6 ans, cette association a fédéré un réseau de travailleurs sociaux, de bénévoles et de donateurs. Un élan de solidarité pour lequel le bouche à oreille et la perception de l’association ont été déterminants. Explications avec Camille Bérard de Toledo, vice-présidente de l’association.

 

Quels sont les différents publics que vous ciblez ? Comment avez-vous procédé pour qu’ils connaissent l’association ?

 

Cela s’est construit au fur et à mesure. Aujourd’hui, nous avons un site internet qui nous permet d’informer les internautes et de récolter des dons. Nos réseaux sociaux cumulent 23 000 abonnés et sont un véritable lieu d’échange et d’entraide. Nous concentrons cependant nos efforts sur la recherche de financement, par le biais de concours, bourses et prix. Nous avons ainsi déjà bénéficié d’un prix de la Fondation Total et d’un soutien financier de la Fondation du Crédit Coopératif.

 

Certains relais de communication arrivent spontanément. Récemment une influenceuse a proposé de faire une collecte. En en parlant sur ses propres réseaux, elle a ainsi permis à « Un petit bagage d’amour » de bénéficier d’un camion entier de dons matériels et d’une vraie visibilité, ce qui a généré des dons financiers. Autre exemple avec notre marraine, Sidonie Bonnec, qui a donné un vrai coup de projecteur à l’association dans l’émission Fort Boyard en 2020, et ne manque jamais de parler de notre action et de soutenir la cause.

 

Concrètement, nous nous appuyons sur différents publics : les travailleurs sociaux qui identifient les femmes dans le besoin, les bénévoles (que nous appelons « Cigognes ») qui font vivre l’association, et les donateurs dont les dons matériels ou financiers permettent de constituer les valises de maternité.

 

« Nos bénévoles, tous convaincus de l’importance de leur engagement, sont nos meilleurs ambassadeurs. »

Camille Bérard de Toledo, vice-présidente d’ « Un petit bagage d’amour »

 

 

D’un point de vue communication, qu’avez-vous besoin de mettre en place ou de renforcer ?

 

« Un petit bagage d’amour » est – tristement – un peu victime de son succès. Nous recevons 40 à 50 demandes par jour et nous distribuons actuellement environ 250 kits de maternité par mois. Nous assurons deux permanences fixes par semaine, et grâce au dévouement de nos bénévoles, nous en organisons régulièrement davantage. Mais notre lieu de stockage, notre infrastructure et notre fonctionnement ne nous permettent pas pour l’instant d’absorber plus de demandes.

 

En revanche, nous cherchons à construire des partenariats pérennes avec des entreprises de produits pour bébé. C’est dans cet objectif que nous mobilisons notre énergie. Nous nous efforçons d’accroître notre visibilité auprès des responsables RSE des entreprises que nous ciblons.

 

Justement, la loi anti-gaspillage entrée récemment en vigueur a-t-elle permis de faire évoluer les mentalités du côté des entreprises ?

 

Oui tout à fait, nous sentons que les choses commencent à bouger. Nous sommes de plus en plus sollicités pour recevoir des vêtements invendus ou défectueux et des produits cosmétiques adaptés à la petite enfance. C’est très positif pour une association comme la nôtre, car cela nous évite d’avoir à utiliser les dons financiers que nous recevons pour acheter les produits qui constituent nos kits de maternité.

 

Quel message souhaitez-vous faire passer au monde de l’entreprise et aux différents acteurs qui le composent ?

 

Ce qu’il faut retenir, c’est que la maternité et la parentalité sont des sujets qui parlent à tout le monde. Savoir que certaines mamans ne peuvent donner naissance à leur enfant dignement ne peut laisser indifférent. Au départ, des bénévoles ont spontanément commencé à solliciter leurs entreprises en présentant l’association, en organisant des collectes… Désormais, nous recevons des messages directement d’entreprises nous demandant comment elles peuvent soutenir nos actions.

 

« Soutenir « Un petit bagage d’amour », c’est allier une démarche de team building à une action sociale concrète ! »

Camille Bérard de Toledo, vice-présidente d’ « Un petit bagage d’amour »

 

Même si le soutien des entreprises peut prendre différentes formes, c’est toujours très stimulant pour des collaborateurs de se mobiliser ensemble pour une cause concrète, avec ce supplément d’humanité, d’écoute et de respect envers les autres.

 

La participation de collaborateurs à la préparation des colis et à leur distribution, le mécénat de compétences… Pour des collaborateurs et des acteurs économiques qui sont en quête de sens, ce n’est pas rien.

 

Et ça marche : en 6 ans d’existence, « Un petit bagage d’amour » a su fédérer des bénévoles, des structures sociales, des initiatives individuelles… et développer tout un réseau d’antennes en France. Racontez-nous !

 

C’est vrai ! Plus de 8 000 enfants ont déjà pu bénéficier de colis de naissance. L’association a acquis une véritable légitimité et des organismes comme l’APHP, le 115 ou la Croix Rouge font régulièrement appel à nous pour soutenir des femmes enceintes. Notre première antenne s’est constituée en région parisienne, sous l’impulsion de Samra Seddik, la fondatrice de l’association. Nous avons bénéficié gratuitement d’un local de stockage à Montreuil pendant plusieurs années. Depuis 4 ans, les dons sont recueillis dans la crypte de l’église Saint-Sulpice dans le 6ème arrondissement. C’est également là que nous préparons et distribuons les colis. C’est très pratique pour les bénéficiaires, car c’est central et facilement accessible en transport.

 

D’autres bagages d’amour ont vu le jour grâce à l’engagement de bénévoles en régions. Il existe ainsi dix antennes de l’association en France : Bordeaux, Lille, Le Mans, Paris, Prades, Reims, Chartres-de-Bretagne, Strasbourg, Toulouse et Vence. Nous espérons qu’elles seront suivies par d’autres, pour accompagner les mamans en situation de précarité, accueillir dignement les bébés, toujours dans cet esprit de partage et de solidarité qui est le socle d’« Un petit bagage d’amour ».

 

Un petit bagage d’amour

 

Créée en 2016 par Samra Seddik, sage-femme libérale, l’association « Un petit bagage d’amour » soutient les femmes enceintes en situation de grande précarité, en leur fournissant un kit de maternité (tétines, couches, biberons, vêtements de naissance…) pour qu’elles puissent accueillir leur(s) enfant(s) dans la dignité.

L’antenne parisienne de l’association est aujourd’hui installée dans une ancienne bibliothèque de l’église Saint-Sulpice à Paris. C’est un lieu de rencontre, de stockage, de préparation et de distribution des valises de maternité. Le bureau de l’association compte 9 membres issus du milieu de la petite enfance ou sensible à cette cause. Ils sont entourés d’un noyau d’une cinquantaine de bénévoles.

 


 

A vous de jouer : comment aider « Un petit bagage d’amour » ?


Soutenir « Un petit bagage d’amour », c’est donner…